Que faisiez-vous avant de créer La Plume, il y a 5 ans ?
Stéphane Chevalier : Mon parcours est plutôt rocambolesque. J’ai travaillé quelques années comme bibliothécaire en début de carrière. Puis, j’ai monté deux festivals de cinéma entre 2003 et 2005. J’ai ensuite travaillé avec une société de production audiovisuelle avant de terminer dans une agence de communication où je m’occupais du volet audiovisuel. Je suis arrivé en 2014 au Luxembourg pour suivre ma femme. Et je ne connaissais rien du pays !
Qu’est-ce qui vous a toujours passionné dans le cinéma ?
Le cinéma, c’est une école. Une vitrine sur le monde. Quand vous êtes petit et que vous n’avez pas la possibilité de voyager, le cinéma vous permet de voir le monde. Et puis, c’est l’émotion, la peur, le rire, la colère, le rêve… Pour finir, il y a l’aspect historique. Revoir un Billy Wilder, c’est redécouvrir l’Amérique des années 60. Revoir un Belmondo, c’est revisiter la France des années 70. Un bonheur.
En 2014, vous créez La Plume. Pourquoi ?
La société a été créée en août 2014. Il fallait bien commencer une nouvelle aventure. Alors j’ai décidé de monter une agence avec mon associé Rania Griffete. L’idée était de s’entourer d’un réseau de collaborateurs pour développer ce que nous avions fait pour les autres, c’est à dire une agence de communication. L’agence était très digitale au départ. Nous avions remarqué un fort retard dans ce secteur sur le Luxembourg.
Depuis 2017, l’agence a entamé une étroite collaboration avec les éditions Rimini, distributeur de films installé à Paris. Comment cela a-t-il commencé ?
En 2009, j’étais parti à Rome pour réaliser différents reportages. J’avais ainsi filmé le réalisateur oscarisé Giuseppe Tornatore, ainsi que Nori Corbucci (ndlr femme du célèbre réalisateur de western spaghetti) et Giulio Questi. Giulio Questi était un réalisateur qui avait eu beaucoup de succès dans les années 70. Il avait son originalité et une approche anarchiste dans ses messages. En 2009, Il était oublié de tous et vivait dans une banlieue de Rome. Jean Pierre Vasseur de Rimini Editions ressortait un de ses films et il ne disposait d’aucun bonus. Je lui ai donc proposé mon reportage. Cette première collaboration s’étant très bien passée, je demandais à Jean Pierre si nous pouvions collaborer sur d’autres projets. Je lui conseillais d’ailleurs de proposer des livrets pour accompagner ses films.
Sur quels types de contenus intervenez-vous ?
Jean Pierre dispose d’un bon réseau d’intervenants et de partenaires. Nous intervenons principalement sur les films hollywoodiens des années 40 à 70. Nous proposons des livrets ou livres et des documentaires.
Quelle est la force de ce mode d’édition ?
Je pense que nous répondons à ce que les passionnés attendaient depuis des années. Il s’agit d’un marché de niche. Nous proposons à ce public des informations inédites avec une analyse complète sur le film, le réalisateur ou le genre. Notre grande force est d’aller consulter les archives à Los Angeles et de traduire des informations que l’on n’a jamais trouvé sur un marché francophone.
Dernièrement, une nouvelle oeuvre est sortie. Pouvez-vous nous en parler ?
Nous venons de sortir cette semaine “State of Grace” avec un casting exceptionnel : Sean Penn, Gary Oldmann, Robin Wright et Ed Harris. Il y a même une brève apparition de John Turturro au début. La particularité de ce film, c’est que les acteurs n’étaient pas très connus à l’époque (1990). Ils commençaient leur carrière. Pour l’occasion, nous avons rencontré Samuel Blumenfeld, rédacteur au journal Le Monde. Une vraie leçon de cinéma passionnante. Nous travaillons actuellement sur le livret d’un film de John Frankenheimer avec Burt Lancaster (“Young Savages”) et le reportage d’un film de Sydney Pollack (“Un château en enfer”).
Avez-vous un rêve de production ou de réalisation ?
Non, pas vraiment. Je me fais plaisir dans mes réalisations. Je tente de monter en qualité dans notre travail et chaque nouveau projet doit être une ouverture vers un nouveau projet. Nous ne sommes qu’au début de l’aventure. Je crois que bien des surprises nous attendent.
De manière plus générale, comment utilisez-vous la force de la vidéo au sein de l’agence ?
La vidéo est avant tout une histoire de passionnés. Nous travaillons sur une dizaine de films chaque année. Désormais, nous avons décidé de glisser cette expertise et cette passion vers les entreprises. Nous sommes sollicités pour proposer de la rédaction de contenus, des shootings photos ou de la vidéo. Les entreprises ont de plus en plus envie d’utiliser le média vidéo pour s’exprimer. Une vidéo de 30″ raconte bien plus qu’une plaquette ou un article. Les gens sont désormais habitués à l’image animée et leur temps est compté. Ils préfèrent mettre une minute pour assimiler une info que d’en prendre 10 pour lire un article. Et si vous ajoutez l’aspect ludique, l’entreprise est conquise.
Et des mots ?
Un chef d’entreprise n’a pas le temps de rédiger bien souvent. Et s’il en a le temps, cela ne veut pas dire qu’il en a les compétences. Offrir un texte bien rédigé avec une analyse et un style vaut de l’or pour une entreprise. Nous sommes dans une société d’informations. Informer prend du temps et bien informer encore plus. La rédaction de contenus n’a pas fini d’évoluer et de se développer.
Au début, il y avait les salles de cinéma pour voir des films, puis il y a eu la télévision avec ses programmes. A présent, nous choisissons nos grilles en ligne. Trouver et être trouvé sur Internet, c’est un enjeu pour l’avenir. C’est pour cela que nous sommes Google Partner. Rania travaille depuis plusieurs années sur le SEO et le SEA. Nous avons une forte expertise dans ce secteur. Quand nous travaillons un site web, il faut désormais le penser en termes de référencement. Il faut donc écrire les textes de manière SEO. Et comme nous le disons à nos clients, le français d’Internet n’est pas celui de Molière. Un site bien écrit, c’est un site rédigé avec des mots et des répétitions bien ciblés. La rédaction se pense dans un contexte.
Comment imaginez-vous l’avenir pour ces deux supports ?
Quand vous regardez le succès d’Amazon et de Netflix, nous constatons que les enjeux à venir sont de fournir du contenu. Nous sommes chronophages de contenus. Avec les smartphones et les ordinateurs, nous sommes en permanence connectés. Alors je ne m’inquiète pas pour la vidéo et les mots, nous ne sommes qu’au début de l’histoire.
Source: Media Marketing